Depuis toujours, peu importe les cultures ou les contrées, la sexualité occupe une place importante, voire préoccupante. On résume souvent la sexualité à deux fonctions : la reproduction et le plaisir. Mais les femmes et les hommes ont des relations sexuelles pour satisfaire bien d'autres motivations plus ou moins avouables. Comment exercer sa sexualité "sainement" dans ce monde en perte de repères ?
Je me souviendrai toujours de ce premier cours prometteur intitulé "Introduction à la sexologie" professé par le défunt Placide Munger de l'UQAM. En tant que jeune français fraîchement débarqué au Québec, je me demandais arrogamment ce que j'allais bien pouvoir apprendre de nouveau sur la sexualité humaine. En fait, je fus cueilli par sa première question : "Quelles raisons poussent les êtres humains à avoir des relations sexuelles ?" Puis les étudiants, moi compris, nous mîmes à énumérer le plus sérieusement du monde les centaines de motivations différentes qui convoquent la sexualité de tout un chacun.
L'immense tableau longeant tout le mûr de la classe ne suffisait pas à contenir la diversité des réponses proposées : par désir, par curiosité, par jalousie, par vengeance, parce que c'est gratuit, comme cadeau, pour payer "en nature", en échange d'argent, par injonction sociale, pour être normal, pour ne plus être puceau, pour s’améliorer, pour faire comme les autres, pour obtenir du plaisir, pour donner du plaisir, pour faire plaisir, parce qu’on ne sait pas dire « non », par peur d’être rejeté, pour se rassurer, pour être sûr d’aimer encore, par devoir conjugal, pour diminuer une tension musculaire, pour diminuer le stress ou l'anxiété, pour désamorcer un conflit, par contrainte, par violence, par besoin, par nécessité, par compulsion, pour enlever un mal de tête, pour tuer l'ennui, pour la performance, pour gagner un pari, pour sauver son couple, par dépendance affective, par dépendance sexuelle, pour bien dormir, pour se rendormir, pour se réveiller, pour faire une pause, pour séduire, pour rompre, pour maigrir, pour assouvir un fantasme, parce qu'on l'a promis, pour déranger les voisins, parce que certaines hormones sont surproduites, pour stimuler la prostate, pour stimuler le système immunitaire, pour se sentir bien, pour faire un bébé (loin derrière), pour se redonner confiance, et ainsi de suite...
En quelques minutes, grâce à ce professeur mémorable, je me rendis compte que (a) j'allais passer des années à approfondir avec passion mes connaissances sur le sujet, et (b) jamais personne ne ferait le tour de la grande question : comprendre la sexualité humaine dans son entièreté ; que plus j'allais en apprendre, plus s'ouvriraient des continents de questions plus ou moins mystérieuses.
Néanmoins, pour trouver des réponses et aider les personnes dans la variété des exercices de leur sexualité, mon chemin a heureusement croisé celui de l'approche sexocorporelle, mise au point par le co-fondateur du département de sexologie de l'UQAM, le génialissime Jean-Yves Desjardins, puis affinée par les continuateurs de cette discipline.
Unicité corps-cerveau
L'approche sexocorporelle est née de la nécessité de renouveler "la compréhension et l’intellectualisation de la sexualité humaine [en développant une méthode] sexologique thérapeutique qui s’appuie sur un modèle de santé sexuelle inspirée des standards de l’OMS et basée sur des études scientifiques corroborées par des observations cliniques".
Le principe fondateur de cette approche est qu'il existe une unicité fondamentale corps-cerveau. Cela signifie que le corps réagit en miroir de notre cerveau, tel un reflet, un traducteur, un interprète. Surtout, la réciproque est vraie : à l'inverse, le cerveau se modifie en fonction des changements corporels. Ce qui n’étaient qu’observations empiriques hier sont aujourd’hui confirmées par les études en neurosciences. Ainsi, nous pouvons induire des émotions ou des pensées en modulant quatre curseurs corporels : rythme (1), tension musculaire (2), respiration (3) et espace (4).
Dans les sociétés démocratiques, chacun peut exercer sa sexualité comme il le souhaite (dans les limites permises par la loi locale). Mais, lorsqu'une insatisfaction persiste, lorsqu'une demande émerge ou lorsque des partenaires tentent de se diapasonner, de s’accorder, apprendre à moduler ces fameux curseurs est une façon pratique d'étendre les habiletés sexuelles.
Souvent, notre propre sexualité nous semble banale, commune et inexorable. Or, il n'en est rien. Si la "culture" participe à notre formation, bien d'autres paramètres entrent en ligne de compte, au premier rang desquels : l'expérience individuelle. Notre sexualité à ce jour est le fruit d'une suite d'expériences individuelles et interpersonnelles, elles-mêmes faites de savants mélanges d'intuitions, de croyances, d'apprentissages, d'automatismes, d'influences, d'intégration de normes et de goûts personnels, entre autres ingrédients.
Mes formations et mon expérience me permettent d'effectuer, de façon professionnelle et éthique, une évaluation sexoclinique complète et méthodique qui mène à l’élaboration d’un plan de traitement transparent, efficace et concret, facilement applicable et compréhensible par les femmes, les hommes et les couples qui souhaitent atteindre une vie sexuelle et relationnelle plus satisfaisante.
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