Agression sexuelle : entre archaïsme et modernité
Dernière mise à jour : 28 mai 2020
Avec la médiatisation récente des scandales de harcèlements sexuels et leurs répercussions sociales, nous assisterions à l'avènement d'un monde nouveau. La peur aurait changé de camp, passant de celui des victimes à celui des agresseurs. Les choses auraient dorénavant vraiment changé. Vraiment ?

Nous aimerions que tous les comportements humains soient réfléchis et maîtrisés. Mais il semble que nous restons bel et bien des animaux émotifs. Et qu'une certaine proportion de la population résiste à un arsenal de lois et de codes éthiques censé encadrer les pulsions individuelles violentes : harcèlements, violences conjugales, agressions avec violence, pédophilie, voire meurtres.
Tenter de refréner les pulsions humaines : telle a été l'un des objectifs que se sont fixé les religions, puis les États, poursuivant leur mission civilisatrice. Notre éducation est suposée, entre autres choses, nous instruire sur les codes à respecter pour une vie collective respectueuse.
La plupart de gens se conforment volontiers à ces règlements. Ils y arrivent facilement, puisqu'ils sont empathiques et qu'ils optent pour un altruisme intéressé : nous avons intérêt, pour nous-mêmes, à ce que les autres soient heureux et épanouis. Les règlements sont donc considérés de bon sens et légitimes.
Puis il y a ceux qui résistent à l'ordre établi. Ceux qui ne se conforment pas aux règlements, ou à certains règlements qui brimeraient leurs libertés, soit volontairement (personnalités narcissiques) soit involontairement (personnalités compulsives). J'emploi volontairement l'adjectif "nouveau" car cela n'a pas toujours été. Les lois ont longtemps intégré des inégalités de fait et exclu des comportements aujourd'hui répréhensibles tel que le viol conjugal (1983 au Québec ; 1990 en France). Avant ces dates respectives, par exemple, une relation sexuelle non consentante entre époux n'était pas illégale. De plus, seules les sociétés définissant et faisant place à la notion de “consentement” la jugent pertinente.
Les luttes féministes ont permis de mettre à mal le patriarcat pour équilibrer les rapports femmes-hommes. Et c'est une bonne chose : les déterminismes sociaux et naturels, les rapports d'autorité ou la force physique, ne doivent en aucun cas justifier des inégalités de traitement. La plupart des hommes, essentialistes, sentant le vent tourner, ont lutté contre leur perte d'autorité et de pouvoir.