Avec la médiatisation récente des scandales de harcèlements sexuels et leurs répercussions sociales, nous assisterions à l'avènement d'un monde nouveau. La peur aurait changé de camp, passant de celui des victimes à celui des agresseurs. Les choses auraient dorénavant vraiment changé. Vraiment ?
Nous aimerions que tous les comportements humains soient réfléchis et maîtrisés. Mais il semble que nous restons bel et bien des animaux émotifs. Et qu'une certaine proportion de la population résiste à un arsenal de lois et de codes éthiques censé encadrer les pulsions individuelles violentes : harcèlements, violences conjugales, agressions avec violence, pédophilie, voire meurtres.
Tenter de refréner les pulsions humaines : telle a été l'un des objectifs que se sont fixé les religions, puis les États, poursuivant leur mission civilisatrice. Notre éducation est suposée, entre autres choses, nous instruire sur les codes à respecter pour une vie collective respectueuse.
La plupart de gens se conforment volontiers à ces règlements. Ils y arrivent facilement, puisqu'ils sont empathiques et qu'ils optent pour un altruisme intéressé : nous avons intérêt, pour nous-mêmes, à ce que les autres soient heureux et épanouis. Les règlements sont donc considérés de bon sens et légitimes.
Puis il y a ceux qui résistent à l'ordre établi. Ceux qui ne se conforment pas aux règlements, ou à certains règlements qui brimeraient leurs libertés, soit volontairement (personnalités narcissiques) soit involontairement (personnalités compulsives). J'emploi volontairement l'adjectif "nouveau" car cela n'a pas toujours été. Les lois ont longtemps intégré des inégalités de fait et exclu des comportements aujourd'hui répréhensibles tel que le viol conjugal (1983 au Québec ; 1990 en France). Avant ces dates respectives, par exemple, une relation sexuelle non consentante entre époux n'était pas illégale. De plus, seules les sociétés définissant et faisant place à la notion de “consentement” la jugent pertinente.
Les luttes féministes ont permis de mettre à mal le patriarcat pour équilibrer les rapports femmes-hommes. Et c'est une bonne chose : les déterminismes sociaux et naturels, les rapports d'autorité ou la force physique, ne doivent en aucun cas justifier des inégalités de traitement. La plupart des hommes, essentialistes, sentant le vent tourner, ont lutté contre leur perte d'autorité et de pouvoir.
Il faut donc distinguer les agresseurs sexuels compulsifs (et les agresseuses compulsives), ceux qui perdent le contrôle involontairement car ils ne savent pas gérer une charge émotionnelle envahissante qui menant au passage à l'acte, des agresseurs sexuels narcissiques (agresseuses narcissiques), qui se servent du contrôle qu'ils exercent, n'acceptent pas le refus et insistent.
Puisqu'il y a plusieurs types d'agresseurs sexuels (hommes et femmes), il y a plusieurs pistes de solutions thérapeutiques. Et, il y a aussi plusieurs réponses collectives à apporter face à celles et ceux qui commettent des délits sexuels.
De plus, il ne faudrait pas oublier les victimes hommes dans cette affaire ! L’un des enseignements des événements a mis à jour des témoignages d’harcèlements sexuels subis par des hommes. Ce sont donc tous les rapports verticaux d’autorité qu’il faut analyser et prendre en compte.
Sans même parler des cultures qui ne font pas débat des rapports d'autorité et de dépendance où ils sont acceptés naturellement et automatiquement, nos sociétés occidentales sont elles-mêmes malades car elles ne cessent de valoriser la compétition individuelle, la réussite au détriment des autres, le "sky is the limit" (il n'y a pas de limites à nos rêves). Nous favorisons donc des comportements de jungle en général mais les bannissons lorsqu'il s'agit de sexualité, et ce depuis longtemps.
Il faut être cohérent et aller au bout de la logique de cette révolution : il faut "horizontaliser" beaucoup plus de rapports humains et favoriser les coopérations qui, études à l'appui, garantissent beaucoup plus d'efficacité et de succès, surtout pour des défis de plus en plus globaux. Le résultat d'un effort collectif est supérieur à la somme des efforts individuels. L'innovation requiert la coopération.
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